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Jules Humbert-Droz : 60 ans d’expérience dans le monde ouvrier
Jules Humbert-Droz
Jules Humbert-Droz : 60 ans d’expérience dans le monde ouvrier
Jules Humbert-Droz
Conférence donnée devant le Groupe des jeunes de la FOMH, à La Chaux-de-Fonds le 5 octobre 1971. Jules Humbert-Droz entre au Parti Socialiste à l’âge de vingt ans. Fils d’anarchiste, il est alors étudiant en théologie à la Faculté de l’Eglise Nationale à Neuchâtel. Il n’apprécie pas Neuchâtel, qu’il trouve trop aristocrate; il y est mal vu, car socialiste, et parce que ses sermons sont très subversifs, ce qui l’empêche d’ailleurs de trouver un poste dans le Clergé. Il trouve du travail en Angleterre. Renvoyé de son poste, il revient en Suisse et est engagé comme animateur de la Jeunesse Socialiste et rédacteur à La Sentinelle, le journal du PS. Dans sa thèse de théologie, il appelle à la dissolution de toutes les armées. Objecteur de conscience, il écope de six mois de prison à Neuchâtel et de trois ans de privation des droits civiques. Il rappelle comment l’armée attaqua le Temple de la Chaux-de-Fonds pendant un meeting de Paul Graber, conseiller national socialiste, et comment ce dernier fut arrêté et libéré de force par les Jeunesses Socialistes. En 1918 éclate la grève générale (voir à ce sujet la cassette CA25 où Humbert-Droz traite de la même question plus en détail). Il résume ensuite les principaux événements de la Révolution russe. Les rédacteurs de La Sentinelle sont partagés entre les partisans inconditionnels de la Révolution russe et ceux qui la trouvent trop peu démocratique. Dégoûté par le modérantisme de ses camarades sociaux-démocrates, Humbert-Droz est renvoyé de la rédaction. Il dirige deux nouvelles revues : Le Phare et L’Avant-Garde. Nommé parmi les trois secrétaires de l’Internationale, il déménage à Moscou. Staline arrive au pouvoir et les premières dissensions se font sentir avec Humbert-Droz, qui n’est pas très apprécié par le nouveau leader. En 1931, le Komintern l’envoie en mission en Espagne, espérant qu’il se fera assassiner par la dictature militaire, de façon à pouvoir s’en débarrasser et à en faire, du même coup, un martyr du communisme. La Deuxième Guerre mondiale éclate. Environ quatre-vingt-dix militants communistes suisses partent en Espagne rejoindre les Brigades Internationales qui luttent contre Franco. Après son arrestation lors d’un passage illégal de frontière avec des brigadistes, Humbert-Droz écope de quatre mois et demi de prison. Le Conseil Fédéral décide d’interdire le Parti Communiste Suisse, Humbert-Droz fait recours mais en vain. Une fois libéré, Humbert-Droz retourne à Moscou, mais le climat ne lui est plus favorable : son vieil ami Boukharine a été exécuté par Staline, et il figure sur la liste noire. De retour en Suisse, il pratique, indépendamment du Parti Communiste, des actions d’espionnage contre l’Allemagne nazie. Le communiste suisse Ruffmeier, qui a avoué l’avoir surveillé et espionné pendant plus de dix ans pour le compte du Komintern, prend sa place à la tête du Parti Communiste Suisse. Humbert-Droz est exclu du Parti pour abus de confiance. Il devient plus tard Secrétaire central du Parti Socialiste, poste qu’il occupera pendant treize ans.