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Vers un troisième capitalisme industriel : critique de la mécroissance et économie de la contribution
Bernard Stiegler
Vers un troisième capitalisme industriel : critique de la mécroissance et économie de la contribution
Bernard Stiegler
En partenariat avec les Musées des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds et du Locle et en écho aux expositions L’Industrie qu’ils présentent, le club 44 a invité Bernard Stiegler à s’exprimer sur la situation passée, présente et à venir du capitalisme. Il est philosophe et docteur de l’EHESS, directeur du développement culturel du Centre Pompidou et est reconnu pour ses travaux mettant la technique au cœur de la philosophie.
La thèse défendue durant la conférence et déjà exprimée dans le programme du club 44 est que "la société industrielle a connu jusqu’à présent deux grands modèles organisationnels. Le premier est le productivisme, et il domine le XIXe siècle. Fondé sur le machinisme industriel qui engendre une augmentation spectaculaire de la productivité, il bénéficie presque exclusivement à ce que l’on appelle alors la bourgeoisie – petite, moyenne ou grande. Au XXe siècle, une autre organisation sociale de la société industrielle se met en œuvre aux États-Unis, puis se répand dans le monde entier. Ce n’est plus seulement une organisation de la production, mais aussi de la consommation, stimulée en permanence – ce qui rend possible le modèle d’innovation théorisé par Schumpeter. La stimulation de la consommation s’opère à travers les techniques dont le marketing va devenir la science reine - en partant de la théorie freudienne de l’inconscient avec Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud. C’est ce modèle caractéristique du XXe siècle qui s’est effondré au mois d’octobre 2008. La faillite de General Motors n’est pas une conséquence dans le monde de l’économie réelle des spéculations de l’économie virtuelle. À travers cette crise, c’est le modèle consumériste qui a rencontré ses limites dans une combinaison de facteurs toxiques que cette conférence propose d’analyser comme une mécroissance. L’enjeu est alors de repenser la croissance sur de nouvelles bases. On soutiendra que l’avenir de la croissance, qui suppose le dépassement de la "mécroissance", consiste en une économie de la contribution où l’opposition fonctionnelle entre production et consommation devient caduque".
Philosophe et docteur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Bernard Stiegler est président de l’association Ars Industrialis, directeur de l’Institut de Recherche et d’Innovation du Centre Georges Pompidou, professeur à l’Université de Londres, professeur associé à l’Université de Technologie de Compiègne et enseigne à l’Ecole polytechnique de Zurich. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont notamment «Réenchanter le monde» (Flammarion, 2006), «La télécratie contre la démocratie» (Flammarion, 2008) et avec Marc Crépon, «De la démocratie participative» (Mille et une nuits, 2007).